La plongée dans les zones isolées

La meilleure façon de faire face à d’éventuels accidents ou blessures dans des endroits reculés est de disposer de plans d’action d’urgence réalistes, pratiques et soigneusement testés. © STEPHEN FRINK

La plongée comporte des risques inhérents. Le corps humain n’est pas fait pour évoluer sous l’eau, et des situations telles que la noyade, les maladies de décompression, les barotraumatismes, les blessures causées par la faune marine dangereuse ou encore des problèmes de santé préexistants exigent toutes une réponse d’urgence. Plonger dans des zones isolées implique des risques supplémentaires, notamment l’accès limité aux soins médicaux.

Un des éléments qui rend une destination « isolée » est le temps nécessaire pour obtenir de l’aide en cas de problème. Un site accessible après trois heures de bateau est déjà considéré comme isolé en termes de réponse à une urgence médicale. Une croisière de trois jours sur un bateau de plongée complique encore davantage les choses.

Voici quelques questions essentielles que tout opérateur, professionnel ou plongeur consciencieux devrait se poser :

  • Où se trouve l’établissement de santé le plus proche, et est-il équipé pour gérer des urgences liées à la plongée ?
  • Existe-t-il un service d’intervention d’urgence pouvant nous atteindre et transporter un plongeur blessé vers l’établissement de santé le plus proche ?
  • Combien de temps durera l'évacuation ?
  • De quel matériel médical avons-nous besoin, et notre réserve d’oxygène d’urgence sera-t-elle suffisante ?
  • Quel est le niveau de formation en réponse d’urgence de l’équipage à bord ?
  • Combien de plongeurs se trouvent sur le site, et les moyens d’intervention disponibles permettent-ils de gérer plusieurs blessés à la fois ?
  • Une évacuation vers un centre de soins avancés est-elle possible, en tenant compte des distances, des frontières à traverser et des conditions d’atterrissage (surtout de nuit) ?

Les réponses à ces questions varient selon le lieu ; chaque destination présente ses propres facteurs de risque. Les plongeurs, les opérateurs, les professionnels de la plongée et les chefs de groupe doivent évaluer attentivement une destination potentielle pour déterminer si elle est suffisamment sûre avant d’y organiser un voyage. Si des doutes persistent concernant la sécurité, il est essentiel d’identifier les défis spécifiques au lieu et de prévoir les préparatifs nécessaires. Il est également important de comprendre que l’on ne peut pas compter uniquement sur une assurance voyage ou plongée, sur une ligne d’urgence ou même sur DAN pour fournir des services médicaux d’urgence.

L’opérateur de plongée a la responsabilité de bien comprendre les risques et de mettre en place des plans adaptés pour protéger son équipage et ses clients. Le chef de groupe, en tant que représentant des plongeurs, doit s’assurer que l’opérateur a élaboré des plans pratiques. Quant aux plongeurs, ils doivent être bien préparés : disposer des coordonnées utiles, des informations d’assurance, et de l’équipement de sécurité essentiel.

La meilleure façon de faire face à d’éventuels accidents ou blessures dans des zones isolées est de disposer de plans d’urgence réalistes, pratiques et minutieusement testés. Ces plans doivent intégrer les délais de réponse potentiellement longs et l’optimisation des ressources disponibles sur place, comme le centre d’opérations ou le responsable médical désigné. Tout plan d’action doit également prendre en compte la disponibilité des moyens de transport de secours ainsi que l’accès aux soins de santé et aux autres services d’urgence.

« Un des éléments qui rend une destination isolée est le temps qu’il faut pour obtenir de l’aide en cas de problème. »

Depuis sa création, DAN est confrontée aux défis posés par les accidents de plongée dans des régions reculées. Notre expérience a montré que la planification d’urgence est souvent inexistante ou bien trop basique pour être efficace. 

Prenons les exemples des îles Cocos et Socorro, de Raja Ampat, de Kiribati ou encore des îles Marshall. Les appels à l’aide affluent, mais sur place, les ressources de secours et les services médicaux sont souvent inexistants. Résultat : plongeurs et opérateurs se retrouvent frustrés, en colère, et parfois même dans une situation critique sur le plan médical.

L’un des modules d’apprentissage en ligne de DAN a été spécialement conçu pour aider les opérateurs et les chefs de voyage à poser les bonnes questions et propose des solutions pour anticiper les problèmes potentiels. Ce module est accompagné d’un questionnaire d’autoévaluation permettant d’évaluer le niveau d’exposition au risque d’un plongeur selon la destination envisagée. Les plongeurs, opérateurs et professionnels peuvent ainsi mettre en œuvre les recommandations applicables afin de réduire le niveau global de risque et se sentir capables de gérer les risques résiduels.

Même si certains sites peuvent sembler trop risqués, beaucoup deviennent tout à fait accessibles avec un minimum de préparation. En prenant des précautions raisonnables et en ayant un bon plan d’urgence, vous pouvez réduire considérablement le risque de vivre une mauvaise expérience.


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© Alert Diver – Q1 2025

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