Directives concernant le diabète et la plongée de loisir

Compte rendu de l'atelier DAN/UHMS sur le diabète et la plongée récréative


Introduction

Le diabète est une maladie chronique majeure qui touche des millions de personnes dans le monde et dont la tendance est à la hausse. Aux États-Unis, plus de 14 % des adultes en sont atteints. Le diabète sucré insulinodépendant (DID) touche jusqu'à un demi-million de personnes de tous âges, dont 150 000 ont moins de 19 ans. De nombreuses personnes continuent à être des membres productifs de la communauté et à poursuivre divers intérêts et carrières malgré leur diabète. Cependant, en ce qui concerne la plongée, la communauté des médecins de plongée a longtemps maintenu la position conservatrice selon laquelle le DID est une contre-indication absolue à la plongée. Le fait qu'un nombre important de plongeurs réussissent à plonger (ouvertement ou subrepticement) avec le diabète malgré la restriction a conduit de nombreuses personnes à penser qu'il était temps de reconnaître ce fait et de réexaminer la position concernant le diabète dans la plongée.

Le 19 juin 2005, à Las Vegas (Nevada), la Undersea and Hyperbaric Medical Society (UHMS) et le Divers Alert Network (DAN) ont organisé conjointement un atelier sur le diabète et la plongée de loisir. Ils ont réuni des experts et des parties intéressées de la communauté internationale de la plongée et d'ailleurs. Lors de l'atelier, les participants ont examiné les données existantes, discuté des problèmes et finalement élaboré des lignes directrices consensuelles sur le diabète et la plongée récréative. Les questions relatives à la plongée professionnelle devront faire l'objet de délibérations séparées à l'avenir.

Les lignes directrices consensuelles ont été publiées en précisant clairement qu'il s'agit d'un ensemble de lignes directrices, et non de règles, et en tenant compte du fait que les différents groupes d'intérêt doivent avoir la possibilité d'utiliser les lignes directrices de manière à répondre au mieux aux besoins de leur communauté.

Ce consensus reflète une approche plus inclusive et fournit des lignes directrices sur la manière d'évaluer individuellement l'aptitude à la plongée et sur la manière d'assurer la sécurité des personnes qui remplissent les conditions requises. Toutes les personnes atteintes de diabète qui souhaitent plonger ne pourront pas le faire ; il existe plusieurs conditions et états de diabète qui rendraient la plongée trop risquée pour les plongeurs et pour ceux qui plongent avec eux.

Ces directives sont destinées aux plongeurs individuels qui sont les premiers responsables de leur santé et de leur sécurité. Ils doivent se conformer à ces directives élaborées pour améliorer leur protection et celle de leurs partenaires de plongée. Les directives visent également à aider les médecins de premier recours et les médecins de plongée à évaluer et à suivre les plongeurs atteints de diabète. Les autres plongeurs doivent également connaître ces lignes directrices et être conscients des considérations particulières à prendre en compte lorsqu'ils accompagnent ou dirigent des plongées avec des plongeurs diabétiques.


Qui peut prétendre à la plongée sous-marine de loisir et comment doit-il être surveillé ?

Les personnes diabétiques qui souhaitent plonger doivent subir la même évaluation médicale que les autres candidats afin de s'assurer, d'une part, qu'il n'existe pas d'autres conditions d'exclusion (épilepsie, maladie pulmonaire, maladie cardiaque, etc.) et, d'autre part, qu'il n'y a pas de complications du diabète susceptibles d'augmenter le risque de blessure lors de la plongée.

Ils doivent être âgés de 18 ans ou plus (≥16 ans s'ils suivent un programme de formation spécial), avoir un traitement bien établi, un taux de glucose plasmatique bien maintenu et la capacité de maintenir ces taux efficacement au cours des exigences changeantes des activités quotidiennes. Les candidats et les plongeurs diabétiques doivent subir un examen médical annuel obligatoire et, s'ils sont âgés de plus de 40 ans, ils doivent faire l'objet d'une évaluation régulière des maladies cardiovasculaires silencieuses.

Comment plonger avec le diabète

Les candidats qui réussissent l'évaluation de leur condition physique et qui maîtrisent l'entraînement régulier à la plongée sous-marine doivent également apprendre et respecter le protocole de plongée pour diabétiques. Ils ne doivent plonger que dans des conditions ambiantes confortables, sans surplomb. Leur plongée ne doit pas dépasser la profondeur de 30 mètres d'eau de mer (100 fsw), la durée d'une heure et ne doit pas comporter de paliers de décompression obligatoires.

Les plongeurs diabétiques doivent plonger avec un binôme qui est informé de leur état et qui connaît la réaction appropriée en cas d'épisode hypoglycémique. Il est recommandé que le binôme ne soit pas diabétique.

Gestion du glucose le jour de la plongée

Les plongeurs diabétiques dont les médicaments peuvent les exposer à un risque d'hypoglycémie doivent suivre un protocole pour gérer leur santé le jour de la plongée.

  • Les plongeurs souffrant de diabète doivent transporter du glucose oral sous une forme facilement accessible et ingérable à la surface et pendant toutes les plongées. Il est fortement recommandé de disposer de glucagon parentéral en surface. Le binôme de plongée ou une autre personne en surface doit savoir comment utiliser le glucagon. Si des symptômes ou des signes d'hypoglycémie sont observés sous l'eau, le plongeur doit remonter à la surface, établir une flottabilité positive, ingérer du glucose et sortir de l'eau. Un binôme informé doit être en mesure de l'aider tout au long de ce processus. L'utilisation du signal "L" avec le pouce et l'index de l'une ou l'autre main est recommandée en cas de suspicion d'hypoglycémie.
  • La glycémie doit être vérifiée à la fin de chaque plongée. La réaction appropriée au niveau mesuré peut être déterminée par l'individu en tenant compte de ses projets pour le reste de la journée. Il convient de noter que les exigences relatives à l'état de la glycémie restent les mêmes pour toute plongée ultérieure. Compte tenu du risque reconnu de diminution tardive de la glycémie après la plongée, il est fortement recommandé de contrôler fréquemment la glycémie pendant les 12 à 15 heures qui suivent la plongée.
  • Il est fortement recommandé aux plongeurs diabétiques de veiller tout particulièrement à une bonne hydratation les jours de plongée. Une glycémie élevée entraîne une diurèse accrue. Bien que les données soient limitées, des plongeurs diabétiques ont montré qu'une augmentation de l'hématocrite observée après la plongée (suggérant une déshydratation) peut être évitée par l'ingestion délibérée de liquide.
  • Les plongeurs diabétiques doivent consigner toutes les plongées, les interventions diabétiques associées et les résultats de tous les tests de glycémie effectués dans le cadre de la plongée. Ce registre peut être utilisé pour affiner la planification future de la plongée.

Lignes directrices pour la plongée récréative avec le diabète

Sélection et surveillance

  • Âge ≥18 ans (≥16 ans en cas de formation spéciale)
  • Retarder la plongée après le début/le changement de médicament :
    • Trois mois avec des hypoglycémiants oraux (OHA)
    • Un an après le début de l'insulinothérapie
  • Aucun épisode d'hypoglycémie ou d'hyperglycémie nécessitant l'intervention d'un tiers depuis au moins un an.
  • Pas d'antécédents de méconnaissance de l'hypoglycémie
  • HbA1c ≤9% au plus tard un mois avant l'évaluation initiale et lors de chaque examen annuel.
    • les valeurs >9% indiquent la nécessité d'une évaluation plus poussée et d'une éventuelle modification du traitement
  • Pas de complications secondaires significatives dues au diabète
  • Le médecin/diabétologue doit procéder à un examen annuel et s'assurer que le plongeur comprend bien la maladie et l'effet de l'exercice physique.
    • en consultation avec un expert en médecine de plongée, si nécessaire
  • Évaluation de l'ischémie silencieuse pour les candidats âgés de plus de 40 ans
    • après l'évaluation initiale, la surveillance périodique de l'ischémie silencieuse peut se faire conformément aux directives locales/nationales acceptées pour l'évaluation des diabétiques
  • Le candidat documente son intention de suivre le protocole pour les plongeurs diabétiques, de cesser de plonger et de demander un examen médical pour tout événement indésirable survenu au cours de la plongée et pouvant être lié au diabète.

Champ d'application de la plongée

  • Les plongées doivent être planifiées de manière à éviter
    • profondeurs >100 fsw (30 msw)
    • durées >60 minutes
    • les paliers de décompression obligatoires
    • environnements aériens (par exemple, grottes, pénétration d'épaves)
    • les situations susceptibles d'aggraver l'hypoglycémie (par exemple, le froid prolongé et les plongées difficiles)
  • Le binôme de plongée/le chef de palanquée est informé de l'état du plongeur et des mesures à prendre en cas de problème.
  • Le binôme de plongée ne doit pas être diabétique

Gestion du glucose le jour de la plongée

  • Auto-évaluation générale de l'aptitude à la plongée
  • Glycémie (BG) ≥150 mg-dL-1 (8,3 mmol-L-1), stable ou en augmentation, avant d'entrer dans l'eau.
    • effectuer au moins trois tests BG avant la plongée afin d'évaluer les tendances
  • Soixante minutes, 30 minutes et immédiatement avant la plongée
    • une modification du dosage de l'OHA ou de l'insuline la veille ou le jour de la plongée peut être utile
  • Retarder la plongée si BG
    • <150 mg-dL-1 (8,3 mmol-L-1)
    • >300 mg-dL-1 (16,7 mmol-L-1)
  • Médicaments de secours
    • avoir du glucose oral à portée de main pendant toutes les plongées
    • disposer de glucagon parentéral à la surface
  • Si une hypoglycémie est constatée sous l'eau, le plongeur doit faire surface (avec son binôme), établir une flottabilité positive, ingérer du glucose et sortir de l'eau.
  • Contrôler fréquemment la glycémie pendant les 12 à 15 heures qui suivent la plongée.
  • Veiller à une hydratation suffisante les jours de plongée
  • Enregistrer toutes les plongées (inclure les résultats des tests de glycémie et toutes les informations pertinentes pour la gestion du diabète).

Pollock NW, Uguccioni DM, Dear GdeL, eds. Diabète et plongée récréative : lignes directrices pour l'avenir. Compte rendu de l'atelier UHMS/DAN 2005 du 19 juin.. Durham, NC : Divers Alert Network ; 2005.


Infographie sur le diabète et la plongée

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