La pêche au harpon fait partie de la subsistance humaine depuis que les chasseurs ont aiguisé leurs premiers bâtons. Avec l’apparition des masques et des palmes, la pêche sous-marine est devenue une activité à part entière. Que ce soit pour le sport ou pour se nourrir, plongeurs et apnéistes recherchent ces opportunités à travers le monde.
Si certains critiquent l’avantage perçu comme déloyal de pouvoir sélectionner les plus gros spécimens et les plus importants sur le plan écologique, la chasse sous-marine est récemment devenue une activité de conservation. Le poisson-lion, par exemple, est originaire d’une vaste région de l’Indo-Pacifique, mais il est désormais omniprésent dans les Caraïbes, l’Atlantique Ouest et le golfe du Mexique.
Au cours des 15 dernières années, depuis que la chasse au poisson-lion s’est généralisée, les plongeurs ont mis au point de nombreux outils et techniques pour rendre cette pratique à la fois sûre et bénéfique pour l’environnement. J’ai pu observer cette évolution en dirigeant des dizaines de projets de recherche, d’expéditions d’élimination et de tournois consacrés au poisson-lion.
Le poisson-lion n’a pas sa place dans l’Atlantique Ouest. Il y a été introduit par l’homme et s’est implanté dans une zone dépourvue de prédateurs, de parasites, de maladies ou de toute forme de concurrence capable de limiter sa population. Il s’agit d’un prédateur carnivore unique en son genre dans cet océan, et de nombreuses études ont documenté son impact considérable sur les écosystèmes. Il grandit rapidement, peut se reproduire tous à intervalles de quelques jours et mange tout ce qui bouge et qui peut entrer dans sa bouche.
Le poisson-lion a commencé à apparaître dans les zones de plongée des Bahamas en 2006, puis en Floride quelques années plus tard. Le premier grand événement d’élimination organisé a eu lieu à l’été 2008, dans les eaux autour de Green Turtle Cay, aux Bahamas. Cet événement, appelé Derby, offrait des prix en espèces, et plongeurs ainsi qu’apnéistes ont réussi à capturer 1 408 poissons-lions en une seule journée. Après ce succès, des outils et techniques d’élimination du poisson-lion ont commencé à apparaître dans toute la zone envahie.
Aujourd'hui, la plupart des chasseurs de poissons-lions actifs disposent d'un assortiment d'outils restreint mais efficace et utilisent des techniques de harponnage similaires. Il existe de nombreux outils et accessoires bon marché, mais certains se sont imposés par leur efficacité et leur sécurité. Voyons ce qu'il faut utiliser, comment et où l'utiliser pour affiner vos techniques de chasse au poisson-lion.
Avant tout, vous devez connaître les règles et réglementations du lieu où vous chassez. Chaque pays a ses propres réglementations sur la pêche sous-marine, et beaucoup ont mis en place des règles spécifiques pour le poisson-lion. Ces lois varient considérablement. Ne supposez pas que votre permis de chasse au poisson-lion obtenu à Roatán vous autorise à chasser de la même manière à Bonaire. Contactez les autorités locales avant de planifier votre expédition pour vous assurer de respecter la réglementation en vigueur.
Une fois les permis et autorisations obtenus, il est temps de réunir votre équipement de chasse. Pour le poisson-lion, un fusil de chasse sous-marine traditionnel n’est pas nécessaire. Il est long à recharger, demande de gérer la ligne et de tendre les élastiques — un processus fastidieux pour un poisson que vous pouvez approcher à quelques centimètres. De plus, une fois transpercé, un poisson peut glisser le long du harpon. Ce n’est pas un problème pour un vivaneau ou un mérou, mais pour un poisson-lion venimeux, mieux vaut avoir un dispositif qui le maintient solidement à distance de vos mains.
La plupart des chasseurs de poissons-lions privilégient une perche-harpon standard de 90 cm à 1,2 m, qui n’est qu’un simple bâton avec un élastique attaché à une extrémité et une pointe à l’autre. L’utilisateur peut tenir la perche d’une seule main, même sous tension. Avec l’autre main libre, il peut se stabiliser en s’approchant lentement du poisson-lion.
Certains préfèrent une perche-harpon plus longue, un dispositif spécialisé ou une fronde hawaïenne. Chaque outil a ses avantages et inconvénients, mais la plupart des chasseurs, même expérimentés, préfèrent la perche-harpon standard. Ils sont disponibles en divers matériaux (fibre de verre, aluminium ou fibre de carbone), avec différentes épaisseurs et longueurs d’élastique. Il existe toutes sortes de pointes de harpon avec trois, quatre ou cinq dents, ainsi que divers ardillons, rainures et longueurs.
Lorsque vous choisissez votre style préféré, prenez en compte l’empreinte de la pointe, sa capacité de maintien et la facilité avec laquelle vous pourrez retirer un poisson transpercé. Mon équipement favori pour la chasse au poisson-lion est une perche-harpon en fibre de carbone de 90 cm (3 pieds) avec une pointe paralysante en acier à ressort de 30 cm (1 pied) à trois dents, sans ardillons. La pointe s’écarte en pénétrant dans le poisson, et la tension entre les trois dents le maintient en place. L’absence d’ardillons facilite le retrait du poisson.
Une fois votre équipement de chasse assemblé, l’une des dernières considérations est de savoir où stocker les poissons après les avoir capturés. Certains plongeurs laissent les poissons-lions pour que d’autres créatures marines les dévorent ou les offrent à des prédateurs, en espérant qu’ils apprendront à les consommer d’eux-mêmes. Cependant, il existe de meilleures options
Le poisson-lion est délicieux et très demandé sur le marché, tant pour la consommation commerciale que locale. Vous pourrez peut-être faire cuire votre prise sur place. Si vous ne la mangez pas, un membre de l’équipage du bateau le fera sûrement. Consommer le poisson-lion permet aussi de réduire la pression sur d’autres espèces comme le mérou ou le vivaneau, qui sont plus bénéfiques à l’écosystème lorsqu’ils restent en vie.
Offrir un poisson-lion à un prédateur représente également un risque. Nourrir requins, barracudas et murènes — sauf dans un cadre professionnel bien encadré — peut être dangereux. De nombreux plongeurs se sont fait mordre par des prédateurs impatients de recevoir un repas gratuit. Les prédateurs accepteront volontiers un poisson-lion harponné, mais il est peu probable qu'ils tentent de chasser un animal vivant doté d'épines venimeuses.
Utiliser les connaissances locales est le meilleur moyen de trouver des poissons-lions. Laissez votre guide les repérer. Si vous n'avez pas de guide, recherchez les structures en relief les plus élevées avec de bons surplombs et des endroits où le poisson peut se cacher. Ils sont plus actifs dans la pénombre, mais s'abritent souvent pendant les heures de plongée de pointe.
Lorsque vous vous préparez à harponner un poisson-lion, faites une pause et réfléchissez à la meilleure position pour éviter d'endommager le récif environnant. À moins que le poisson ne soit habitué à être harcelé, vous devriez pouvoir vous approcher très près avec votre harpon prêt à l'emploi.
Contrôlez votre flottabilité et votre respiration, et stabilisez-vous en plaçant soigneusement un doigt sur une surface non vivante du fond si nécessaire. Visez juste derrière la tête et au-dessus de la nageoire pectorale. Si le poisson commence à bouger, laissez-le se repositionner, puis approchez-vous à nouveau. Poursuivre le poisson ou précipiter votre tir est rarement efficace. Lorsque le moment est venu, relâchez légèrement votre prise et laissez le harpon filer en avant.
Les poissons-lions sont robustes, et les tuer nécessite un tir très précis. Il est probable que vous ayez un poisson-lion venimeux encore vivant à l’extrémité de votre harpon. Il peut être tentant de lever le harpon au-dessus de votre tête en signe de victoire, mais si le poisson se détache et file se cacher, vous l’aurez perdu et vous pourriez vous retrouver sur sa trajectoire de fuite, risquant ainsi d’être piqué. Plaquez le poisson au sol et travaillez avec votre binôme pour le sécuriser.
Si vous souhaitez conserver votre prise, minimisez au maximum sa manipulation. Les conteneurs rigides en PVC ou en plastique avec une entrée en entonnoir ou à clapet, permettant de détacher le poisson du harpon, sont les plus courants et les plus pratiques. Le ZooKeeper, un dispositif spécialement conçu pour stocker les poissons-lions en toute sécurité, est largement utilisé. Il existe plusieurs versions de ce concept de base.
Vous poussez le poisson à l’intérieur du dispositif et, en retirant le harpon, le poisson y reste piégé. C’est là que le choix de la pointe du harpon entre en jeu. Une pointe à griffes avec de gros ardillons retient bien le poisson, mais le relâcher devient compliqué. Réfléchissez aux compromis entre maintien et facilité de retrait si vous utilisez un ZooKeeper ou un dispositif similaire. Vérifiez toujours que le couvercle et le fond sont bien sécurisés, et gardez vos doigts éloignés des ouvertures.
De nombreux chasseurs ont introduit un poisson dans le conteneur puis ont saisi le haut du dispositif en retirant le harpon, se retrouvant ainsi avec une épine venimeuse plantée dans la main. Tenez fermement le dispositif, mais éloignez votre main de l’ouverture.
Quelques équipements supplémentaires peuvent aider à prévenir les piqûres ou à en atténuer les effets si elles surviennent. Les gants anti-perforation sont inestimables, mais ils doivent répondre à la norme ANSI ( American National Standards Institute) niveau 5 pour la résistance aux perforations (et non simplement à la coupe). Il s’agit du niveau de résistance le plus élevé, capable de supporter plus de 150 newtons de force de perforation.
Bien que personne ne veuille se faire piquer, travailler à proximité d’un animal possédant 18 épines venimeuses ultra-pointues comporte des risques. Des gestes lents, réfléchis et délibérés réduisent les chances d’accident, mais les piqûres restent possibles. La plupart des piqûres entraînent une douleur intense et un gonflement à l’endroit touché. Pour atténuer ces symptômes, immergez immédiatement la zone affectée dans de l’eau chaude (mais non brûlante). Si vous ressentez des symptômes au-delà d’une simple douleur et d’un gonflement localisé, ou si la douleur ne diminue pas malgré l’eau chaude, consultez un médecin sans tarder.
Lorsque vous êtes en chasse au poisson-lion, souvenez-vous de protéger le récif contre les dommages, de rester en sécurité et de vous amuser.
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© Alert Diver – Q4 2024
