Qui n’a jamais été attiré par le romantisme, l’adrénaline et le rêve de trouver un trésor de pirates ? Les films font paraître simple la récupération d’or et de pierres précieuses. Peu d’entre nous verront ce fantasme devenir réalité, mais le « trésor » prend bien d’autres formes : ceintures de plomb perdues, moteurs hors-bord ou artefacts d’épaves. Pour remonter ces trouvailles, un parachute de relevage peut s’avérer indispensable. Les plongeurs équipés de plus d’une bouteille devraient également emporter un parachute ou une autre source de flottabilité redondante en cas de défaillance du gilet ou de la wing.
En général, les plongeurs utilisent un parachute de relevage pour remonter des objets immergés à la surface. On le gonfle jusqu’à ce que l’objet atteigne une flottabilité neutre, permettant ainsi de le ramener en surface avec un effort minimal. Cette réduction d’effort comporte toutefois des dangers et des risques pouvant entraîner des blessures graves, voire la mort. Le plongeur doit parfaitement maîtriser sa flottabilité et comprendre les principes physiques en jeu, car il devra gérer à la fois sa propre flottabilité et celle de l’objet.
Les parachutes existent en différentes tailles et configurations, la taille indiquant la capacité de levage. Parmi les modèles courants : à fond ouvert (open-bottom), à chicanes (baffle) et de type coussin (pillow).
Les parachutes à fond ouvert sont les plus faciles à gonfler, mais peuvent perdre leur flottabilité si la remontée devient incontrôlée et que le parachute perce la surface. Les parachutes à chicanes sont similaires à une bouée de signalisation de surface, ils conservent leur flottabilité même s’ils se renversent en surface. Les parachutes de type coussin sont les plus grands modèles et nécessitent beaucoup plus de gaz. Ils sont souvent utilisés en plongée commerciale avec alimentation en gaz depuis la surface.
Tous les parachutes devraient être équipés d’une soupape de surpression pour éviter la sur-expansion et offrir un meilleur contrôle pendant la remontée. Quel que soit le type, le plongeur doit être prêt à purger du gaz pendant l’ascension afin de compenser l’augmentation du volume due à la baisse de pression ambiante. Les plongeurs impliqués dans la manœuvre devraient avoir un dispositif de coupe à portée de main en cas d’enchevêtrement.


La capacité de levage du parachute doit correspondre au poids de l’objet. Utiliser plusieurs petits parachutes exige plus de coordination qu’un seul grand modèle, mais c’est un choix plus sûr. Une fois la capacité adaptée déterminée, les plongeurs doivent calculer la quantité de gaz nécessaire pour effectuer la remontée. Le volume déplacé et la profondeur font partie de l’équation permettant d’évaluer les besoins en levage.
Les plongeurs devraient prévoir une source de gaz redondante pour le parachute plutôt que d’utiliser leur gaz respiratoire. Une alimentation séparée permet de conserver le gaz de plongée pour la respiration et d’éviter qu’un détendeur principal ou secondaire ne s’emmêle pendant la manœuvre. Les embouts spécialisés et les systèmes de gonflage à remplissage lent sont préférables à l’utilisation d’un deuxième étage, car ils offrent un débit plus contrôlé que la purge d’un détendeur.
Le gonflage doit se faire en ajoutant de petites quantités de gaz et en vérifiant régulièrement si l’objet approche de la flottabilité neutre. On peut affiner cet équilibre en ajustant la position de l’objet dans la colonne d’eau. Surveillez toute tendance à la remontée non désirée et replacez l’objet à une profondeur plus importante pour retrouver la flottabilité neutre.
En dernier recours, les plongeurs peuvent percer le parachute en cas de remontée incontrôlable, mais cela risque d’endommager définitivement le matériel et de mettre en danger les plongeurs ou l’environnement en dessous.
Gréer le levage est l’étape la plus complexe du processus de récupération. Les binômes devraient emporter une ligne tressée avec une boucle épissée à chaque extrémité. Son diamètre et sa résistance doivent être suffisants pour supporter les contraintes du levage. Une ligne bien installée ne devrait pas s’effilocher, mais l’utilisation d’un câble plutôt que d’une corde supprime totalement ce risque. Les lignes de gréement doivent être fixées sur autant de points d’attache que possible afin de répartir le poids de l’objet et de réduire la tension sur chaque point.
Des manilles, mousquetons ou bolt snaps peuvent être utilisés pour sécuriser la ligne sur l’objet. Tout le matériel doit avoir une charge de travail nominale adaptée, et le poids doit être réparti uniformément entre les points d’attache. Passer la sangle du parachute plusieurs fois dans le matériel contribue à mieux répartir la charge.
Les plongeurs peuvent aussi utiliser des nœuds à la place d’éléments métalliques, à condition de savoir les réaliser correctement, même sans visibilité. Parmi les nombreux nœuds possibles, le plus utile est le nœud de chaise, qui forme une boucle temporaire à l’extrémité d’une corde et ne se resserre pas sous charge.

Les équipes de plongée doivent posséder un excellent contrôle de leur flottabilité afin de préserver autant que possible la visibilité. Un coup de palme mal dirigé ou un instant d’inattention peut soulever les sédiments autour de l’objet, réduisant la visibilité et augmentant considérablement les dangers. Avec une visibilité diminuée, le risque d’enchevêtrement pour les plongeurs s’accroît et la fixation sécurisée de l’objet devient plus difficile.
La nature du fond peut également compliquer le levage en raison de l’effet de succion. Si vous avez déjà perdu une chaussure dans la boue, vous savez à quel point il peut être difficile de la retirer. Dans de nombreux cas, le début du levage exigera plus de flottabilité pour vaincre la succion. Une fois libéré, l’objet deviendra positif et pourra remonter de manière incontrôlée.
Après avoir établi un plan de récupération et pénétré dans l’eau, les plongeurs doivent maintenir un contact visuel entre eux et avec l’objet en cours de levage. Il faut s’assurer que la zone au-dessus du parachute reste dégagée pour éviter qu’un plongeur ne soit accroché et propulsé vers la surface en cas de remontée incontrôlée. Personne ne doit non plus se trouver directement sous l’objet durant l’ascension : si le gréement ou le parachute cède, l’objet pourrait blesser un plongeur ou le coincer au fond.
L’environnement peut dicter l’utilisation d’un levage en flottabilité positive ou d’une remontée plus contrôlée. Les plongeurs peuvent fixer une ligne depuis un spool ou un dévidoir jusqu’au parachute pour faciliter la récupération en surface ou retrouver l’objet en cas d’échec du levage. Toutefois, cette méthode ajoute un facteur de complexité et de risque d’enchevêtrement : il est donc impératif d’enrouler la ligne sur le spool ou le dévidoir pendant la remontée.
Les plongeurs devraient éviter d’utiliser leur gilet ou leur wing comme parachute de relevage. Même si cela peut sembler la solution la plus simple pour remonter un objet, le risque est important : sans le lest additionnel de l’objet, le plongeur devient rapidement positif en profondeur et se retrouve propulsé vers la surface à grande vitesse.
La récupération d’objets légers peut être gratifiante si elle est réalisée avec précaution. S’exercer à ce type de levage en milieu confiné permet de réduire les risques liés à ces plongées et de s’assurer que vous serez prêt à récupérer votre « trésor » le moment venu.
© Alert Diver – Q2 2025