Sécurité 101
LA CROISSANCE RAPIDE DE L’APNÉE aux États-Unis met en lumière un sport mentalement sain et physiquement inspirant, mais qui tolère très peu l’erreur. La syncope en eau peu profonde et le barotraumatisme respiratoire sont les conséquences les plus redoutées de l’apnée, mais ils peuvent être réduits au minimum grâce à un entraînement approprié et de bonnes pratiques de sécurité.
Des conséquences graves ont été associées à des plongées en apnée ne respectant pas la règle de « one-up-one-down », contournant le système de binôme et repoussant les limites sans mesures de sécurité adéquates. Pourtant, ignorer ses angles morts peut s’avérer aussi dangereux que de ne pas maîtriser les techniques de l’apnée. L’évaluation des risques consiste à analyser la situation sur le terrain et à anticiper les problèmes avant de commencer la séance d’apnée. Elle implique de veiller à ce que des mesures de sécurité soient en place pour parer à tout imprévu.
Cette évaluation comprend l’élaboration d’un plan d’action d’urgence écrit (EAP) pour tout événement d’apnée, qu’il soit compétitif ou récréatif complexe. Un EAP spécifiquement adapté à votre site de plongée et à votre scénario est crucial ; il définit clairement les démarches à suivre en cas d’urgence. Voici les éléments de base à prendre en compte pour effectuer une évaluation mentale approfondie des risques et bâtir un EAP pour l’apnée.
Certification
Assurez-vous que tous les participants sont des plongeurs en apnée certifiés. Une certification en apnée enseigne les normes de sécurité de base à respecter et fournit des conseils de prévention. Aucune liste de contrôle ne remplace la réussite d’un cours de certification en personne dispensé par un instructeur qualifié.
Inspection du site de plongée
Une inspection approfondie d’un site de plongée en apnée prend en compte les dangers potentiels liés à la faune marine, les courants, l’état de la mer et la visibilité sous-l’eau. Il est recommandé que tous les participants utilisent une longe fixée à la ligne verticale lorsque la visibilité est réduite. N’oubliez pas non plus de vérifier l’accès à l’eau (rochers, bateau, passerelle, etc.) afin de prévenir tout traumatisme ou chute hors de l’eau.
Identification des établissements médicaux les plus proches
Les smartphones facilitent grandement la recherche de l’itinéraire le plus rapide vers l’établissement médical le plus proche, mais ne négligez pas d’identifier à l’avance le lieu le plus adapté pour traiter les urgences liées à l’apnée avant de plonger. Cette précaution peut sauver une vie. Renouvelez cette démarche à chaque session d’apnée, que le site soit nouveau ou bien connu.

Juan Valdivia réalise une remontée monopalme à poids constant depuis 60 m, encadré par deux plongeurs de sécurité, en appliquant une technique de sécurité sous-marine appropriée. Photo courtesy Juan Valdivia
Méthodes d’évacuation
Désignez une personne responsable de conduire le moyen de transport préplanifié pour l’évacuation en cas d’urgence. Prédéterminez un itinéraire sécurisé vers l’établissement médical le plus proche.
Communication
Assurez-vous de disposer d’un signal cellulaire suffisant sur le site de plongée, ce qui peut poser problème en zones isolées. Prévoyez des moyens de communication alternatifs pour contacter les services d’urgence, tels qu’une radio marine, un téléphone satellite ou une balise de localisation personnelle.
Oxygène d’urgence et compétences de premiers secours
Bien qu’il ne soit pas obligatoire pour les nouveaux plongeurs en apnée d’être certifiés en premiers secours, nous recommandons vivement de suivre un cours de formation aux soins de base (réanimation cardio-pulmonaire et premiers gestes de secours) avant votre première initiation à l’apnée. Mieux encore, si possible, optez pour un stage de premiers secours spécifique à l’apnée. Disposer d’une unité d’oxygène DAN lors de chaque session d’apnée peut sauver une vie.
Briefings
Avant chaque session, prenez au moins cinq minutes pour un briefing avant immersion afin de discuter avec vos binômes d’apnée de ce qui va se passer. Définissez les rôles en soutien de vie de base, identifiez les équipes de sécurité et constituez les binômes. Veillez à ce que tous les plongeurs en apnée présents comprennent le cadre de sécurité sous-marin : l’installation de la bouée et de la ligne, le système de fixation et de détachement des longes, ainsi que la présence éventuelle d’éclairages sous-marins.
Un briefing en immersion est obligatoire pour communiquer à votre binôme de sécurité la profondeur prévue, la durée de la plongée et la discipline que vous allez pratiquer. Précisez également la profondeur à laquelle vous souhaitez être récupéré si vous optez pour une sécurité de profondeur. Effectuez ce briefing pour chaque plongée et pour chaque plongeur.
Connaître vos limites
Connaissez vos limites en apnée et celles de vos binômes. L’évaluation du niveau de risque de chaque plongée et de chaque session d’apnée dépend des plongeurs présents ce jour-là.
Débriefing
En cas d’incident, discutez avec l’équipe de ce qui s’est passé afin de prévenir les erreurs futures et d’identifier les risques spécifiques liés au site de plongée, à une manœuvre sous-marine ou à un plongeur particulier.
Autres considérations
Entraînez-vous, si possible, aux techniques de sauvetage sous l’eau et en surface. Le « temps d’immersion » est sans doute le facteur le plus déterminant pour l’issue chez une victime de quasi-noyade. Ainsi, la phase de sauvetage, avec une intervention rapide en milieu aquatique, est cruciale pour la survie et le pronostic de la victime.
Parfois, la décision la plus sage consiste à réévaluer votre état de santé et à décider de ne pas plonger tant que vous n’êtes pas en pleine forme et parfaitement préparé. Ne plongez jamais seul et n’hyperventilez jamais avant votre plongée.
Bien que l’apnée connaisse une croissance exponentielle aux États-Unis, elle reste une petite communauté. Il est de notre devoir de sensibiliser aux tendances observées au fil du temps. Cela signifie non seulement interroger un plongeur sur la survenue d’incidents récents, mais aussi en évaluer la gravité. Faire preuve d’ouverture concernant tout antécédent d’incident en apnée—syncope ou barotraumatisme—peut faire la différence entre une plongée sécuritaire et la répétition d’une blessure.
Les connaissances collectives actuelles en matière de sécurité en apnée proviennent des scientifiques et des experts médicaux impliqués dans la recherche sur l’apnée, ainsi que des athlètes d’élite qui pratiquent ce sport et maîtrisent le parcours complexe qu’un être humain traverse pour atteindre en toute sécurité des profondeurs toujours plus grandes en apnée. Nous connaissons certains facteurs de risque d’incidents en apnée, mais pas tous.
De nombreuses questions restent ouvertes, notamment l’existence éventuelle d’effets négatifs cumulés de la rétention de souffle chronique sur le corps humain, ou encore la comparaison des niveaux de risque entre l’apnée récréative peu profonde et l’apnée compétitive en grande profondeur, cette dernière s’appuyant sur des longes de sécurité et des plongeurs de sécurité dédiés, prêts à intervenir pour secourir un participant.
© Alert Diver - Q4 2023