Ville d'origine : Annapolis, Maryland
Âge : 37
Années de plongée : 20
Pourquoi je suis membre de DAN : Ma principale raison d’adhérer est pour les avantages de l’assurance et la tranquillité d’esprit de savoir que, si quelque chose m’arrivait en plongée, je serais pris en charge.
Alex Fogg est connu dans la communauté des plongeurs pour avoir créé le plus grand événement mondial de collecte et de sensibilisation sur le poisson-lion invasif : l’Emerald Coast Open, au cours duquel des dizaines de milliers de poissons-lions sont retirés chaque année pendant les deux jours de compétition. Au cours de la dernière décennie, il a personnellement prélevé un nombre incalculable de poissons-lions invasifs des eaux nord-américaines.
Fogg est également responsable des ressources naturelles du comté d’Okaloosa, en Floride, où il gère plus de 20 millions de dollars de projets de construction de récifs artificiels. Son projet actuel — et le plus ambitieux à ce jour — est l’immersion prévue du SS United States au large de Destin. Long de 302 m (990 pieds), ce paquebot deviendra le plus grand récif artificiel du monde.
Comment êtes-vous devenu plongeur ?
Mon père était dans la marine américaine. Nous avons déménagé à plusieurs reprises durant mon enfance, mais nous avons toujours vécu près de la mer. Il m’a inspiré à aller dans l’eau, que ce soit dans les eaux froides du Maine et du Maryland ou dans les eaux chaudes et limpides de Floride. J’ai grandi en écoutant des histoires de plongée et de chasse sous-marine. Tout ce que je voulais, c’était faire partie de cet univers. J’ai d’abord obtenu ma certification de plongeur pour pouvoir pratiquer la chasse sous-marine.

Comment la plongée a-t-elle façonné votre carrière ?
Je savais que je voulais être proche de l’eau et y passer le plus de temps possible, donc me spécialiser en sciences marines me paraissait être la meilleure façon d’y parvenir. J’ai déménagé en Caroline du Sud pour faire mes études et j’ai plongé au large de Charleston. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai rejoint la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) comme biologiste halieutique dans le Mississippi, où je collectais des poissons, participais à des relevés et consignais des données à la suite de la marée noire causée par l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon.
Comment la chasse au poisson-lion a-t-elle commencé ?
Au moment où j’étais à l’université de Southern Mississippi pour mes études supérieures, le poisson-lion avait déjà envahi la côte atlantique et les Caraïbes, mais il commençait seulement à s’implanter dans le golfe du Mexique. J’étais particulièrement bien placé dans la communauté de plongée pour m’impliquer. Des chercheurs travaillaient déjà sur le poisson-lion invasif dans les Keys de Floride, et nous avons repris ces concepts pour réaliser des études similaires dans le Golfe. Je suis reconnaissant envers ceux de la NOAA qui m’ont pris sous leur aile et m’ont laissé m’investir très tôt dans le travail sur le poisson-lion.
La seule façon d’étudier le poisson-lion était de plonger pour collecter de nombreux échantillons. J’ai parcouru toute la côte du Golfe, rencontrant des plongeurs et des clubs de plongée pour leur demander de nous aider à prélever des poissons-lions afin de mesurer l’impact de cette espèce invasive. Les collectes ont été lentes au début car il n’y avait pas beaucoup de poissons-lions, mais la situation a fini par changer.

Nous finissions par collecter des milliers de poissons-lions par semaine, grâce aux efforts de plongeurs locaux devenus de véritables scientifiques citoyens. Beaucoup n’étaient pas favorables à la recherche halieutique ni aux réglementations qu’elle entraînait parfois, mais tout le monde s’est mobilisé pour retirer les poissons-lions lorsqu’ils sont devenus un problème bien plus important.
Pendant mes études supérieures, un poste s’est ouvert à la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission, lié au programme de récifs artificiels, mais comprenant aussi un volet de coordination des dépôts de poissons-lions au sein de la gestion des pêches marines. J’ai vu ce poste comme une occasion de m’investir dans de grands projets ayant un impact positif sur l’environnement, tout en continuant à affûter ma technique au fusil sur les poissons-lions et à approfondir la recherche dans ce domaine. J’ai accepté le poste et déménagé en Floride, où je vis depuis.
Comment l’Emerald Coast Open a-t-il commencé, et quel a été l’impact des tournois de prélèvement de poissons-lions sur les populations invasives ?
Il existait déjà des tournois de prélèvement de poissons-lions en Floride, mais nous avons développé le concept en une Journée de prélèvement et de sensibilisation au poisson-lion, qui est devenue l’Emerald Coast Open. Nous avons déplacé l’événement à Destin en 2019. Le premier tournoi a permis de récolter 19 000 poissons-lions en un week-end et a marqué le début d’une forte croissance en termes de sponsors, de participation et d’effets positifs sur le tourisme local et l’écologie.
Lorsque nous organisons de grands événements qui retirent 20 000 poissons-lions en deux jours, l’impact positif sur l’écosystème est réel. Cependant, cet effet ne dure qu’environ six mois, après quoi les récifs se repeuplent de cette espèce invasive. La chasse sous-marine et la pêche à la ligne exercent déjà une forte pression sur la côte en été, donc supprimer un facteur de stress supplémentaire pendant quelques mois représente un bénéfice considérable pour un écosystème déjà très sollicité.
Vous avez supervisé l’immersion de plus de 1 000 récifs artificiels, mais le SS United States est votre plus grand projet à ce jour. Parlez-nous de ces plans.
Je supervise le programme de récifs artificiels à Destin–Fort Walton Beach depuis environ 2017, et nous avons travaillé dur pour le développer de façon exponentielle, afin de bénéficier à l’environnement et à l’économie locale. Le meilleur aspect de mon travail ici, c’est le soutien de notre direction, qui a permis de concrétiser les plans visant à amener le SS United States à Destin. Il se trouve actuellement à Mobile, en Alabama, pour un processus de dépollution avant son immersion à Destin.

Le SS United States est un paquebot transatlantique américain, construit au début des années 1950, et demeure le plus grand navire de ce type jamais entièrement construit aux États-Unis. Retiré du service depuis plusieurs décennies, il a fait l’objet d’innombrables discussions et d’importants investissements en temps, en énergie et en argent pour déterminer son avenir.
De récents jugements semblaient le condamner à la casse, un sort que ses anciens propriétaires n’avaient jamais envisagé. Face à cette issue forcée, nous les avons approchés pour leur proposer de nous le céder afin de lui offrir une seconde vie comme récif artificiel, tout en lui rendant hommage par la création d’un musée à terre à Destin–Fort Walton Beach.
Ainsi, Destin–Fort Walton Beach deviendra le foyer du plus grand récif artificiel du monde, et le premier à être accompagné d’un musée indépendant situé à proximité et entièrement dédié à son histoire. Ce sera une expérience inédite pour tous, et nous sommes impatients de la partager avec le monde entier.
En savoir plus
Découvrez-en plus sur Alex Fogg et ses efforts pour réduire les populations de poissons-lions dans ces vidéos.
© Alert Diver – Q2 2025