Surveillance des incidents de plongée et de l'usage de drogues

L’usage ou le trafic de drogues en plongée ne constitue pas une tendance marquée, d’après les données accessibles à DAN. Cependant, ce rapport n’est pas le premier cas enregistré mêlant plongée et trafic de stupéfiants, et ce ne sera pas le dernier. © Leon-Rafael/Shutterstock

Les tâches quotidiennes de surveillance des blessures chez Divers Alert Network (DAN) comprennent le suivi des décès liés à la plongée en examinant des courriels, des alertes d’actualité et des publications sur les réseaux sociaux afin de recueillir des informations sur les incidents récents. Notre objectif est d’informer la communauté des plongeurs de nos conclusions, qu’elles proviennent de signalements ou de nos propres recherches. 

Depuis sa fondation en 1980, DAN a suivi, surveillé et étudié plus de 4 000 incidents liés à la plongée, sans compter les appels d’urgence, les demandes non urgentes et les déclarations de sinistres. Notre champ d’analyse couvre les accidents mortels et non mortels impliquant la plongée en circuit ouvert, en recycleur, l’apnée et le snorkeling. DAN Research a relancé le Diving Incident Reporting System (DIRS) afin de recueillir les incidents auto-déclarés, et notre équipe de suivi des décès et des blessures continue de recenser les accidents mortels de plongée dans le monde entier. 

Pour les incidents survenus aux États-Unis, nous avons accès à des dossiers d’enquête comprenant des rapports des forces de l’ordre, des rapports d’incident, des analyses d’équipement, des autopsies et des examens toxicologiques. Notre équipe les examine minutieusement et consulte des pathologistes pour tenter de déterminer les causes potentielles des événements et des décès. L’objectif est de quantifier ces éléments afin d’identifier des tendances et de proposer des recommandations pour améliorer la sécurité en plongée. 

L’usage ou le trafic de drogues en plongée ne semble pas être une tendance dominante, mais DAN Research a enregistré plus de 15 accidents mortels liés à une intoxication ou à l’usage de drogues au cours des cinq dernières années. En 2023, deux décès en snorkeling signalés à DAN ont révélé des analyses toxicologiques positives à des substances récréatives. Les résultats ont mis en évidence la présence d’alcool, de cannabis et de méthamphétamine. 

Nos chercheurs ont relevé une alerte d’actualité en particulier : « Un plongeur retrouvé mort au milieu d’une cargaison de cocaïne de 20 millions de dollars à Newcastle ». Cet événement a éveillé la curiosité de notre équipe, qui a alors cherché à savoir combien d’incidents liés aux drogues figuraient dans notre base de données. Selon l’alerte, le plongeur a été retrouvé inconscient dans l’eau et n’a pas pu être réanimé. Près de 50 kg de paquets jaunes flottaient à proximité. 

Les rapports indiquaient que le plongeur « disposait d’un équipement sophistiqué, incluant un appareil recycleur », et une enquête plus approfondie a révélé que les paquets étaient cachés dans le compartiment d’eau de mer d’un cargo présent sur les lieux au moment du décès. Les enquêteurs ont agi rapidement, et quelques jours plus tard, un suspect a été arrêté en lien avec cette affaire de trafic de drogue. 

Au sein de l’équipe, les discussions se sont concentrées davantage sur le comment plutôt que sur le pourquoi. L’hypothèse la plus probable était qu’il s’agissait d’une récupération de cargaison plutôt que d’une livraison, étant donné l’endroit où le plongeur a été retrouvé. Nous avons discuté de la logistique nécessaire pour soulever et transporter une telle charge sur la distance séparant la coque du navire du rivage, afin de mieux comprendre ce qui a pu se passer. 

Ce type d’événement n’est pas isolé. En 2015, un plongeur a été appréhendé en Californie alors qu’il tentait de faire passer en contrebande environ 25 kg de stupéfiants. Il transportait la drogue via un tunnel sous-marin et a été intercepté par les autorités qui surveillaient la sortie du tunnel. Il avait avec lui plusieurs paquets de cocaïne scellés sous vide, d’un kilo chacun. 

Un autre cas, en 2013, impliquait un plongeur traversant la rivière St. Clair, du Canada vers les États-Unis, avec un tube en PVC étanche contenant plus de 3,6 kg de marijuana. Dans cette même rivière, en 2021, un plongeur a été retrouvé attaché à 84 kg de marijuana, utilisant une flotte de sous-marins et de scooters sous-marins pour transporter la cargaison vers Détroit, Michigan. Il a été condamné à 71 mois de prison et sera expulsé vers le Canada après avoir purgé sa peine. 

Le nombre d’incidents de ce type enregistrés dans notre base de données est probablement bien inférieur à la réalité, car nous nous appuyons sur les alertes d’actualité, les réseaux sociaux et les signalements volontaires. Nous avons demandé à l’Agence américaine de lutte contre la drogue (DEA) de comparer leurs données sur les décès de plongeurs impliqués dans le trafic de drogue avec les nôtres, mais ils ont refusé de commenter. 

 Nous nous appuyons fortement sur notre Diving Incident Reporting System (DIRS) pour collecter des données, mais il est peu probable qu’un plongeur impliqué dans la contrebande signale lui-même un incident. Même s’il omettait des détails essentiels, notre équipe s’interrogerait sur les raisons d’une plongée solitaire, de nuit, dans des conditions peu favorables. 

Si vous souhaitez nous aider à combler les lacunes dans le suivi des incidents et à mieux surveiller ces tendances, vous pouvez signaler tout incident de plongée à DAN Research via le DIRS : redcap.link/DAN-report-an-incident. Il s'agit d'un système en ligne anonyme qui garantit qu’aucune information ne permet d’identifier la personne effectuant le signalement. Pour toute question sur le DIRS, contactez-nous à .

Enfin, DAN ne cautionne en aucun cas l’usage, le transport ou la distribution de substances illégales, en particulier avant, pendant ou après la plongée.


© Alert Diver – Q4 2024

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