Clarifiez les signaux manuels avant de plonger

Revoir les signaux manuels avant une plongée renforce la sécurité du groupe et réduit la charge mentale. © STEPHEN FRINK

Les plongeurs passent une grande partie de leur temps sous l'eau avec un groupe de copains triés sur le volet - ceux en qui nous avons confiance pour plonger en sécurité et remonter à la surface avec de nouvelles expériences et des histoires mémorables à raconter. Les plongeurs nouvellement certifiés ont eu peu d'interactions sous l'eau, n'ayant plongé qu'avec des camarades de classe, des instructeurs et des assistants-instructeurs pendant leurs cours. Certains d'entre nous font équipe avec des inconnus lorsqu'ils voyagent vers de nouvelles destinations, montent et descendent du bateau, mais nous avons tendance à nous regrouper avec ceux qui nous mettent à l’aise et nous motivent à explorer les profondeurs

Je plonge généralement avec un petit groupe d’amis qui partagent mes intérêts, où la communication sous l’eau devient presque instinctive. Combien d’entre nous peuvent comprendre leurs partenaires à travers un simple regard ou un mouvement subtil de palmes ? 

Plonger avec quelqu’un avec qui la coordination est naturelle simplifie notre charge mentale, ce qui nous permet de nous concentrer sur les merveilles sous-marines plutôt que de nous inquiéter de la communication, Pourtant, ce niveau de familiarité peut jouer en notre défaveur dans certaines circonstances. Que se passe-t-il lorsque nous ne plongeons pas avec quelqu'un qui connaît nos habitudes et nos comportements ? 

Lors d’une de mes premières plongées en eau salée, j’ai exploré l’épave du USNS Vandenberg à Key West, en Floride, pendant des vacances. Étant le seul plongeur certifié de ma famille, je me suis joint à un groupe de touristes. L’équipage m’a attribué un binôme, un plongeur étranger qui parlait très peu anglais. Il était amical et semblait ravi d’être mon partenaire, mais la communication verbale était limitée. Même s’il connaissait bien son équipement et n'était pas nerveux à l'idée de plonger, j’étais préoccupé par notre coordination sous l’eau. 

C'était ma première plongée en mer, ma première plongée sur épave et ma plongée la plus profonde à ce jour, avec à coup sûr des courants et d'autres distractions que je n'avais jamais expérimentés auparavant. Heureusement, j’avais appris à ne rien laisser au hasard : je savais qu'il fallait vérifier mon équipementl, revoir minutieusement notre plan de plongée et clarifier toutes les attentes de l’équipe avant de sauter à l’eau. 

J’ai proposé à mon binôme de vérifier nos équipements respectifs avant d’arriver sur le site, puis nous avons passé en revue les signaux manuels, prenant le temps de nous assurer que tout était clair. Nous avons travaillé jusqu’à ce que nous soyons suffisamment à l’aise pour garantir notre sécurité et maximiser notre temps ensemble. 

La plongée a commencé en douceur, et je me suis senti confiant en explorant l’épave. Mais les courants se sont intensifiés, passant de modérés à « accrochez-vous bien. » Les plongeurs dispersés le long de l’épave devaient s’agripper pour éviter d’être emportés, tout en essayant de rejoindre la ligne d’ancrage comme ils pouvaient. Le plan de plongée est rapidement devenu caduc face à l'effort physique intense requis et à la consommation d'air qui a augmenté de manière drastique. 

Les plongeurs inexpérimentés ont eu du mal à rejoindre la ligne et à remonter à la surface en toute sécurité, et beaucoup se sont rapidement retrouvées à court d'air. Les membres de l'équipage du bateau, débordés, allaient et venaient pour aider les plongeurs — dont plusieurs ont dû partager leur détendeur — à regagner la surface. Un membre de l'équipage a lui-même manqué d'air et a dû effectuer un changement rapide de bouteille à bord avant de redescendre pour continuer à porter assistance. 

C'était une situation dangereuse, et bien que personne n'ait été blessé, c'était une leçon importante sur la rapidité avec laquelle les conditions peuvent se retourner contre vous. L’initiative que mon binôme et moi avions prise pour revoir nos signaux manuels nous a permis de plonger en toute sécurité malgré les conditions et contribuer à la sécurité des autres..Notre capacité à fonctionner en équipe a allégé la charge de l’équipage, leur permettant d’aider ceux qui en avaient le plus besoin. 

Communiquer efficacement sur la pression des bouteilles, signaler les moments où il fallait interrompre la plongée ou coordonner une remontée contrôlée nous a permis de rester calmes, de réduire notre consommation d’air et de nous concentrer. Nous avons évité la surcharge mentale qui aurait pu nous empêcher de communiquer efficacement ou de rester attentifs à l’état mental de notre binôme.  

Ce respect mutuel et le temps de préparation que nous avons pris pour former un binôme efficace nous ont permis de vivre une expérience inoubliable avec moins de risques que certains autres plongeurs. L’attention que j’avais portée à ma formation et ma détermination à établir une bonne communication avec un nouveau binôme m’ont permis de réussir cette plongée sans assistance. 

Les pressions sociales sont bien réelles dans la communauté des plongeurs. Nous avons tous ressenti ce désir de projeter une image de calme et de compétence devant les autres. Il peut être inconfortable de demander à un nouveau binôme de revoir les signaux manuels, surtout si nous pensons tous deux les connaître déjà. Souvent, nous préférons simplement profiter de la traversée en bateau ou du moment passé à préparer notre matériel avec nos amis. Pourtant, en tant que plongeurs responsables, il nous incombe de rappeler l'importance de la sécurité et d'incarner les comportements que nous souhaitons voir chez les autres. 

Personne ne souhaite découvrir sous l’eau qu’un binôme ne comprend pas ce que nous essayons de lui communiquer. C’est, au mieux, frustrant, et, au pire, dangereux. Prendre quelques minutes pour revoir les signaux manuels avec son binôme, qu’il soit nouveau ou expérimenté, peut faire la différence entre une plongée mémorable et une situation où l’on échappe de justesse au pire.


© Alert Diver — Q2 2024

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