Les plongeurs certifiés ont appris à effectuer des contrôles de sécurité pré-plongée pendant leur formation, mais le font-ils à chaque fois ? C'est pourtant l'un des moyens les plus simples d'éviter les oublis, les dysfonctionnements et les pertes d'équipement. Mais les contrôles de sécurité pré-plongée ne sont souvent pas aussi rigoureux qu'ils le devraient.
Un contrôle de sécurité pré-plongée en anglais suit souvent le sigle BWRAF (BCD, Weights, Releases, Air, Final check) soit en français Gilet stabilisateur, Lestage, Largage, Air, Vérification finale) . En français on fait référence au sigle BALLO = Bouée (gilet stabilisateur), Air, Lest (système de lestage), Largage (libération de l'équipement) et OK final. En anglais les instructeurs utilisent différents moyens mnémotechniques pour aider les élèves à retenir cette liste, comme « Burger With Relish And Fries », « Breathing Water Really Ain’t Fun » ou « Begin With Review And Friend ». (Il n’existe pas d’équivalents exacts en français, mais l’essentiel est de se rappeler chaque étape). Ce principe est similaire à d’autres acronymes utilisés en anglais pour le contrôle de sécurité, comme SEA BAG (Site survey, Emergency planning, Activity planning, Buoyancy, Air, Gear and go – Évaluation du site, Plan d’urgence, Planification de l’activité, Flottabilité, Air, Équipement et départ), ou ABC (Air, Buoyancy, Clips and releases – Air, Flottabilité, Sangles/Dégagements). Quelle que soit la méthode de mémorisation, suivez votre formation et soyez systématique et rigoureux.
Bouée: La première étape consiste à confirmer que votre gilet stabilisateur retient bien l’air. Vérifiez que le tuyau d’alimentation basse pression est bien raccordé au gilet et que les boutons de gonflage et de dégonflage ne restent pas coincés, afin d’éviter tout problème de flottabilité ou une remontée incontrôlée. Remplissez votre gilet d’air en testant le gonflage par le bouton de gonflage ainsi que le gonflage oral. Actionnez chaque soupape de surpression pour vous assurer qu’elles fonctionnent correctement et qu’elles ne restent pas ouvertes. Observez la configuration de votre binôme et assurez-vous que la tirette de la soupape de surpression de l’épaule n’est pas coincée sous la bretelle, ce qui pourrait provoquer une ouverture involontaire de la soupape et entraîner des problèmes de flottabilité. Assurez-vous que la sangle du bloc maintient bien la bouteille en place. Si vous ne connaissez pas bien le gilet stabilisateur de votre binôme, renseignez-vous sur ses mécanismes de gonflage et de dégonflage, en cas d’urgence.
Lestage: Cette étape est essentielle pour garantir une bonne gestion des situations d’urgence. Vous et votre binôme devez connaître les systèmes de lestage de l’autre afin de pouvoir retirer les poids facilement dans l’eau si nécessaire. Montrez à votre binôme où se trouvent vos poids : ceinture, poches intégrées, poches de lestage dorsal ou lests de cheville. Si vous utilisez des poches, tirez gentiment dessus pour vérifier qu’elles sont bien fixées. Assurez-vous que vous portez bien vos lests avant d’entrer dans l’eau.
Largage: Il s’agit probablement de l’une des étapes les plus importantes du contrôle de sécurité pré-plongée. En cas d’urgence, vous devez savoir comment retirer l’équipement de votre binôme. Si vous découvrez son matériel pour la première fois pendant une situation d’urgence, cela peut être difficile. Même si vous connaissez déjà son équipement, il est toujours bon de le revoir ensemble.
Montrez à votre binôme comment larguer votre lestage, surtout si vous utilisez un système de lest intégré. Votre binôme doit être prêt à utiliser le type de largage que vous employez, comme les clips, les cordons à tirer, les poches à largage par gravité ou les bandes autoagrippantes. Discutez des moyens de larguer votre équipement, notamment les bretelles, la sangle pectorale et la ceinture ventrale. Vérifiez que la sangle du bloc est bien serrée pour maintenir la bouteille en place. Passez en revue l’emplacement de votre octopus, de votre manomètre et autres tuyaux (par exemple pour une combinaison étanche) et la façon de les détacher si nécessaire.
Air: Assurez-vous que le robinet de votre bouteille est complètement ouvert avant d’entrer dans l’eau. De nombreux plongeurs jettent simplement un coup d’œil à leur manomètre pour voir s’il indique une bouteille pleine, mais cela ne garantit pas que le robinet soit ouvert. Il arrive que certaines personnes ouvrent le robinet pour vérifier la pression, puis le referment sans purger l’air restant dans les tuyaux en appuyant sur un détendeur. Un tuyau sous pression peut faire penser que la bouteille est pleine, mais après une ou deux respirations, vous pourriez vous retrouver sans air.
La plupart des agences de formation de plongée ne recommandent plus de tourner le robinet d’un quart de tour en arrière, en raison d’accidents mortels liés à cette pratique. Les plongeurs débutants et même certains professionnels peuvent se tromper de direction en tournant le volant, ce qui revient à n’ouvrir le robinet que d’un quart de tour, au lieu de le refermer d’un quart. Les robinets modernes ne s’usent plus comme les anciens modèles, il est donc préférable d’ouvrir complètement le robinet.

Une autre erreur courante est de ne pas respirer dans le détendeur principal et l’octopus avant de se mettre à l’eau. Plusieurs raisons justifient cette vérification. La première est de s’assurer que les détendeurs fonctionnent correctement, surtout si vous utilisez du matériel de location. La deuxième raison concerne le fonctionnement interne du deuxième étage du détendeur: à l’intérieur se trouve une membrane souple au-dessus d’un levier mobile. Lorsque vous inspirez, la membrane se déforme vers le levier, ce qui libère l’air. Lorsque vous expirez, la membrane se redresse, libère le levier et l’air s’arrête. Le bouton de purge se trouve au-dessus de ce levier, donc lorsque vous appuyez sur le bouton, vous appuyez manuellement sur le levier. Vous devez donc vous assurer que le détendeur réagit à votre respiration et non simplement à la pression du bouton.
La troisième raison est de goûter l’air de votre bouteille pour s’assurer qu’il n’est pas contaminé. Les contaminants tels que les vapeurs de gaz ou l'huile peuvent avoir un goût et une odeur huileuse ou simplement une mauvaise odeur. Si vous pensez que votre air est mauvais, signalez-le au personnel de plongée et n’utilisez pas la bouteille.
Lorsque vous respirez pour la première fois dans un détendeur, expirez d’abord, puis inspirez. Des débris ou de petites créatures peuvent se cacher dans l’embout ; expirer en premier permet qu'ils ne rentrent pas dans votre bouche.
Avant d’entrer dans l’eau, vérifiez à nouveau que votre robinet est complètement ouvert et prenez quelques inspirations profondes en regardant votre manomètre. Si le robinet est bien ouvert, l’aiguille restera stable. Si le robinet est fermé mais qu’il reste de la pression dans les tuyau, l’aiguille tombera rapidement à chaque respiration. Si le robinet est partiellement ouvert, l’aiguille descendra puis remontera à chaque inspiration.
OK Final: Assurez-vous d’avoir tout votre équipement annexe : masque, tuba, palmes, accessoires de signalisation, appareil photo, etc. Rassemblez et sécurisez tout équipement et tuyaux qui pend pour éviter qu'ils traînent. Vérifiez que votre ordinateur est réglé sur le bon mélange gazeux et qu’il est connecté à votre bouteille si vous utilisez un système air-integré. Appliquez de l’anti-buée sur votre masque et faites un contrôle complet de la tête aux pieds pour ne rien oublier. Demandez à votre binôme de vérifier également que vous n’avez rien oublié.
La complaisance et le fait de ne pas effectuer le contrôle de sécurité avant la plongée ou le contrôle de votre binôme sont des facteurs d'accidents de plongée qui peuvent être entièrement évités. Effectuez tous vos contrôles avant chaque plongée.
© Alert Diver — Q3/Q4 2020