Ses pattes se déplacent rapidement alors qu'elle se fraye un chemin sur le sable vers un grand récif de corail. C’est une décision audacieuse et risquée, car les étendues de sable entre les formations coralliennes sont remplies de prédateurs prêts à profiter d’une langouste solitaire.
Un requin-nourrice apparaît au-dessus d’elle. Tandis que la langouste fonce vers le bord du récif et trouve une petite corniche, le requin la suit. La cachette n’est pas idéale, mais suffisante pour décourager le requin. Le temps passe, et elle est à nouveau seule. Elle recommence à bouger, cherchant une ouverture dans le récif — à la recherche de son partenaire idéal.
Il vit normalement parmi de grands groupes d'autres langoustes dans des terriers à l'intérieur du récif. Mais pour l'instant, il est seul et a préparé son propre terrier dans un seul but: attirer une femelle afin de s’accoupler. Il attend patiemment qu'elle apparaisse à l'entrée. Quand elle le fera, il sera prêt.
Elle agrippe la corniche avec ses pattes et grimpe pour découvrir un grand mur de coraux diversifiés et de nombreux abris potentiels. Elle continue à marcher jusqu’à repérer une entrée. La voilà. Ralentissant sa marche, elle se place en vue de l’entrée. Il la voit, et ils se font face, déployant leurs longues antennes et commençant à utiliser leurs plus petites antennules pour essayer de se sentir mutuellement.
En réponse à sa présence, il libère un jet d’urine directement vers elle à partir de petites ouvertures (néphropores) situées à l’avant de sa tête. L’urine contient des phéromones qui lui transmettent toutes les informations nécessaires pour évaluer s’il est un bon partenaire. C’est une décision critique : elle doit déterminer s’il offrira une descendance robuste et une protection fiable durant cette période de vulnérabilité. Elle fait son choix — c’est lui.
Elle signale sa volonté en entrant dans son abri. Ensemble, ils bougent maladroitement comme des danseurs malhabiles, puis s’enlacent ventre contre ventre. Il dépose avec succès une capsule de sperme sur son abdomen. Son exosquelette dur a disparu à la suite de sa mue, la laissant vulnérable pendant le temps nécessaire à sa régénération. Pendant cette période de faiblesse, son partenaire la protégera dans son abri pendant plusieurs jours.
Son exosquelette durcit, et elle est prête à féconder ses œufs, soigneusement placés sous sa queue. Avec ses pattes, elle ouvre la capsule de sperme et féconde avec succès ses centaines de milliers d'œufs orange vif. Une fois sa carapace durcie et les œufs fécondés, son temps avec son partenaire est terminé : il est temps pour elle de partir.
Le mâle reste dans son abri, et lorsqu'une autre femelle approche, il libérera à nouveau son urine chargée de phéromones pour l’attirer. Ainsi, le cycle se répète.
Elle doit maintenant s’occuper de ses œufs pour assurer leur éclosion. Les nageoires de sa queue, qui sont comme de petites pagaies, lui permettent de rincer continuellement les œufs avec de l'eau oxygénée et de les garder propres. La couvaison dure jusqu'à quatre semaines, pendant lesquelles elle est très attentive. Lorsque les œufs sont sur le point d'éclore, elle quitte le récif pour des eaux plus profondes afin de libérer les larves en éclosion dans les courants, qui emportent des milliers de ses larves en mer.
Les larves de langouste, appelées phyllosomesparcourent des milliers de kilomètres sur les courants océaniques pendant près d'un an avant de se métamorphoser en une phase post-larvaire appelée puerulus. This short but critical phase is when the lobster navigates from the open ocean to a nearshore habitat, settling in seagrass, mangrove roots, and algae beds. It is a treacherous time, and many larvae are lost to a host of hungry and unforgiving predators.
Les larves qui survivent passent les deux années suivantes à grandir, à muer et à mener une vie relativement solitaire. Elles apprennent à éviter les prédateurs et à se nourrir avec succès d'une variété de proies. En devenant juvéniles, elles commencent à se rassembler dans des zones qui offrent plus de protection.
Les langoustes adultes matures quittent leurs habitats côtiers pour retourner vers les récifs. Elles s'installent dans les crevasses et les cavernes protégées des récifs coralliens et deviennent très sociables. Leur couleur et leur texture imitent le récif à mesure qu'ils grandissent, ce qui les rend difficiles à voir pour les prédateurs ou les proies.
Les langoustes adultes sont grégaires et vivent en groupe dans des abris de taille moyenne à grande. Même si cette organisation semble liée à la sécurité, les études ne montrent pas d’avantage de survie significatif entre les individus solitaires et ceux en groupe. Toutefois, partager un abri permet de trouver plus rapidement un refuge et de réduire l’exposition aux prédateurs.
Les langoustes communiquent beaucoup entre elles grâce à leur urine, qui transporte des messages chimiques. Les mâles et les femelles utilisent ces signaux pour établir leur statut social. Les individus dominants produisent nettement plus d’urine que les subordonnés. Ces signaux sont également utilisés pour initier des rassemblements sociaux.
Les signaux dans l'urine sont capables d'induire des comportements d'évitement chez les individus solitaires. En plus de l'urine, des signaux liés à des blessures peuvent s'échapper dans l'environnement en raison des dommages mortels causés par un prédateur. D'autres langoustes éviteront les abtis contenant ces signaux d'alarme.
Les langoustes restent dans leur terrier pendant la journée pour éviter les prédateurs et sortent quelques heures après la tombée de la nuit pour chercher de la nourriture. Bien que les langoustes mangent presque tout, leurs proies préférées sont les escargots, les palourdes, les crabes et les oursins. Les langoustes émettent des signaux chimiques pour indiquer au groupe de retourner dans la sécurité de leur terrier plusieurs heures avant le lever du soleil.
En automne, les langoustes des Keys de Floride, de Boca Raton, de Bimini et de Grand Bahama se lancent dans des migrations massives. Des milliers d'individus s'alignent les uns après les autres en longues files indiennes et marchent pendant des jours. Ce comportement est particulier car elles sont nocturnes et ne sortent normalement pas de leurs abris pendant la journée. Des signaux visuels associés au mouvement d'autres langoustes déclenchent la formation. Elles restent très proches et maintiennent leur position en se touchant et en se frôlant avec leurs antennes.
On ne comprend pas encore pleinement cette migration, mais elle pourrait viser à trouver de meilleures zones de nourriture, de meilleurs abris pour la mue ou à réduire la surpopulation. De nouvelles recherches ont révélé que les langoustes possèdent un sens magnétique semblable à celui des oiseaux, des tortues marines et des requins. Elles peuvent déduire des informations de position à partir du champ magnétique terrestre pour déterminer la direction de leur maison et les guider pendant leur spectaculaire migration automnale.
Les langoustes sont pêchées dans le monde entier, et leur marché est très lucratif. Le Canada domine désormais le marché mondial et continue d’étendre sa portée. En Floride, les langoustes représentaient en 2020 l’une des trois principales pêches commerciales, générant 25 millions de dollars de revenus. La pêche récréative atteint son pic durant la mini-saison de juillet lorsque les plongeurs sont autorisés à pêcher le langouste dans le cadre d'une saison sportive de deux jours.La saison régulière s’étend d’août à mars. Pour être légalement pêchée, une langouste doit avoir une carapace d’au moins 7,6 cm de long. Cette taille indique que la langouste a environ deux ans et a probablement atteint sa maturité sexuelle.
Retirer un grand nombre de langoustes des écosystèmes marins peut avoir des conséquences négatives imprévues. Les langoustes épineuses ont longtemps été considérées comme des charognards en raison de l’efficacité des appâts morts dans les pièges, mais nous savons maintenant qu’elles sont des prédatrices sélectives qui se nourrissent principalement de proies vivantes. Elles sont peut-être l’un des prédateurs benthiques les plus dominants des récifs. Leur prédation sélective influence profondément la structure des communautés, la composition des espèces et la répartition des proies.
Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus diversifiés de la planète, même s’ils couvrent moins de 1 % des océans du monde. Ils offrent des habitats, des zones d’alimentation, de reproduction et de nurserie pour de nombreuses espèces. Avec les nombreuses menaces qui pèsent sur la santé des coraux, les récifs sont en déclin à l’échelle mondiale.
Plusieurs types d’escargots, dont le Drupellase nourrissent spécifiquement de coraux. Les langoustes sont des prédateurs d’escargots, donc lorsque les populations de langoustes diminuent, les escargots deviennent trop nombreux. Des populations plus importantes d’escargots peuvent être catastrophiques pour les récifs coralliens. Au début des années 1990, une prolifération de Drupella sur le récif de Ningaloo, en Australie, a réduit la couverture corallienne de 75 % dans certaines zones du récif.
Les aires marines protégées représentent une opportunité pour les espèces de se rétablir. La réserve écologique de Western Sambo, en Floride, est une zone marine entièrement protégée qui abrite des langoustes épineuses. Une étude écologique à long terme a révélé que la réserve abritait les plus grandes langoustes, qui pouvaient atteindre un âge et une taille plus importants grâce à cette protection.
Et cela nous ramène à notre femelle. Combien de temps vivra-t-elle ? A-t-elle évité les pièges à langoustes lors de ses nombreuses migrations sur le sable ? Est-elle revenue au récif après avoir libéré ses nouvelles larves dans les courants océaniques ? J’espère que oui, et j’espère que beaucoup de ses petits ont grandi et ont rejoint le récif pour poursuivre le cycle de la vie.
En savoir plus
Apprenez-en plus sur les activités de reproduction des langoustes épineuses dans cette vidéo.
© Alert Diver – Q4 2024
